Canada–U.S. Trade in a Globalized Economy: Elasticities, Asymmetries, and Policy Imperatives
Cette étude examine les interdépendances commerciales complexes entre le Canada et les États-Unis, mettant en évidence la manière dont les chiffres globaux des exportations et des importations peuvent masquer des réalités économiques plus profondes. Environ les trois quarts des exportations canadiennes de marchandises sont destinées aux États-Unis chaque année, contribuant à un excédent commercial bilatéral en marchandises pour le Canada, se situant entre 100 et 170 milliards de dollars canadiens. Pourtant, lorsque les produits énergétiques sont exclus, les États-Unis affichent un léger excédent commercial avec le Canada, illustrant comment les deux pays bénéficient de chaînes de valeur transfrontalières spécialisées. L’analyse de certains secteurs démontre qu’un tarif hypothétique de 25 % sur les produits canadiens entraînerait une perte de revenus d’exportation pour le Canada, mais augmenterait également les coûts de production pour de nombreux fabricants américains dépendants des importations canadiennes.
Malgré la taille plus modeste de l’économie canadienne, le potentiel de dommages économiques est réciproque. Par exemple, les constructeurs automobiles du Michigan et de l’Ohio dépendent de nombreux intrants canadiens qui traversent la frontière à plusieurs reprises, tandis que les raffineries intégrées de la côte du Golfe transforment souvent du pétrole brut en provenance de l’Alberta. La rigidité des chaînes d’approvisionnement amplifie ces vulnérabilités : les estimations de l’élasticité à court terme indiquent que les flux énergétiques pourraient ne diminuer que de 2 % en cas de tarif de 10 %, mais à plus long terme, les deux pays risquent des pertes supplémentaires si l’un d’eux se tourne vers des marchés alternatifs. Des deux côtés, l’ajustement aux barrières transfrontalières est ni simple ni immédiat, car les investissements en capital spécialisé et les réseaux de production élaborés ne peuvent être réorganisés sans coûts significatifs.
Ces résultats soulignent les limites d’une approche du commerce basée uniquement sur les soldes nets. Ils suggèrent que des politiques de résilience, des cadres de règlement des différends et des stratégies de diversification progressive sont essentiels pour atténuer les risques. Dans un contexte où la rhétorique protectionniste peut rapidement se traduire par de nouvelles barrières, le maintien de conditions commerciales stables et prévisibles entre le Canada et les États-Unis est crucial pour préserver les bénéfices mutuels issus de décennies d’intégration économique étroite.